Après Rodolphe el-Khoury, doyen de l’école d’architecture de l’Université de Miami, et Amale Andraos, doyenne de l’école d’architecture de l’Université de Columbia, un troisième Libanais, Hashim Sarkis, a été choisi pour diriger une école d’architecture, celle du célèbre Institut technologique du Massachusetts (MIT).
« Je pense que c’est une magnifique coïncidence », estime Hashim Sarkis, 50 ans, interrogé par L’Orient-Le Jour. Une coïncidence pour laquelle il reconnaît avoir tout de même « beaucoup travaillé », plusieurs personnes étant sur les rangs pour le poste. Le nouveau doyen, dont la famille est originaire de Moukhtara, avance aussi une autre piste pour expliquer sa réussite : « Un autre Libanais, l’architecte Fares el-Dahdah, directeur du Center for Humanities à Rice University, attribue nos succès à nos gènes diplomatiques. Si je les ai, j’espère que je pourrai les utiliser à bon escient. »
Hashim Sarkis est né et a grandi à Beyrouth. Il débute ses études à l’Université américaine de Beyrouth, mais en 1985, pour cause de guerre, part les finir aux États-Unis, à la Rhode Island School of Design. La guerre se poursuivant, le jeune Libanais décide de rester aux États-Unis et choisit de faire son master d’architecture à l’Université de Harvard. Il y fera aussi son doctorat.
C’est en janvier 2015 qu’il prendra la relève d’Adele Santos à la tête de l’école d’architecture de MIT, avec la conviction que cette école peut jouer un rôle important dans les domaines de l’éducation, de l’énergie, de l’environnement et de l’innovation. « Il est important en tant que doyen de soutenir les idées de la faculté plutôt que d’imposer les siennes. Je veux faire de mon mieux pour comprendre les priorités et les atouts de la faculté et les faire progresser », explique-t-il. En tant que doyen, il compte ainsi attaquer des questions du type à quoi ressembleront les écoles et universités à l’heure de l’éducation en ligne ? Les nouvelles formes d’énergie et de transports pourront-elles nous aider à envisager d’autres modèles urbains ?
Le Liban toujours dans ses plans
Si cette nouvelle nomination l’installe un peu plus encore aux États-Unis, M. Sarkis, marié à la Libanaise Diala Ezzeddine et père de Dunia, 10 ans, reste un architecte qui porte le Liban dans son cœur et qui a pour son pays natal espoirs et plans.
À la tête de Hashim Sarkis Studios, entre Cambridge et Beyrouth, l’architecte « aime travailler au Liban ». Il a notamment des projets à Yarzé, Jbeil et Amchit, « des projets qui connectent architecture et environnement, et permettent d’explorer de nouvelles typologies et de nouveaux matériaux ». Aujourd’hui, les deux projets qui occupent une « place spéciale » dans son cœur sont un projet pour le logement des pêcheurs de Tyr, mené en coopération avec l’ONG Association for Rural Development in the South, et la coopérative al-Baqaa. Des projets ayant un « sens social ».
Si M. Sarkis a des projets au Canada, en Chine, en Turquie et aux États-Unis, Beyrouth est la ville qui l’inspire le plus, une ville qui malgré sa longue histoire est toujours « en devenir et où de nombreuses idées sont testées ». « Lorsque je suis coincé dans les embouteillages, confie Hashim Sarkis, je regarde autour de moi et j’essaie d’imaginer comment la ville pourrait être améliorée : comment améliorer l’axe nord menant à Jounieh, comment la topographie spectaculaire de la ville peut être un atout et non un problème, comment sauver le patrimoine de la ville tout en modernisant son infrastructure, et ce alors que les autorités ne semblent pas se soucier de ce dossier… »
Aujourd’hui, l’architecte est inquiet pour sa ville : « Je m’inquiète pour Beyrouth, certains développeurs sont maladroits et les planificateurs ont une vision de court terme. Ils rendent la ville trop uniforme et trop semblable aux autres villes. Il devient difficile de sentir que l’on est à Beyrouth, et encore plus d’imaginer un meilleur Beyrouth. »
Source: L’orient le jour