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Baalbeck se prépare activement à accueillir le festival

La Cité du soleil s’apprête à accueillir l’édition 2015 de son festival annuel. Si les responsables de la ville font preuve d’un optimisme inégalé et affirment s’attendre à ce que la ville accueille des milliers de visiteurs, de nombreux commerçants ne réussissent pas à cacher leur amertume. Estimant être mis à l’écart de cette grande fête, ils confient en vouloir à la politique économique et de développement du Hezbollah.

À quelques jours du coup d’envoi de l’édition 2015 du festival de Baalbeck, le 31 juillet, les travaux vont bon train dans les temples. Malgré un soleil de plomb, les ouvriers se dépêchent de terminer l’installation des gradins, de l’éclairage, de la scène… avant le jour J. Ce soir-là, sur les marches du temple de Bacchus, plus de trente artistes libanais rendront hommage à la Cité du soleil, dans un spectacle inédit, baptisé « Ilik Ya Baalbak » (À toi Baalbeck).

« L’infrastructure est presque achevée », explique Saïd Lakkis, directeur du comité du tourisme et des sites historiques à la municipalité de Baalbeck. « Nous avons planté des roses à l’entrée du temple et nettoyé tout le périmètre du site, ajoute-t-il. Nous mettons également les dernières touches à l’exposition qui accompagnera le festival. Comme chaque année, nous offrons des kiosques à des artisans locaux qui exposeront leurs produits : travaux artisanaux, produits du terroir, etc. » De son côté, la police municipale a décroché hier toutes les banderoles des rues.
« Je suis confiant », assure Saïd Lakkis, au terme d’une énième tournée dans le temple pour s’assurer de la bonne marche des travaux. « Je m’attends à ce que la ville accueille des milliers de visiteurs au cours de cette saison », poursuit-il. Quid de la sécurité ? « Nous sommes très mobilisés pour assurer la sécurité des visiteurs, affirme-t-il. Nous coopérons étroitement dans ce sens avec le comité du festival et les forces de sécurité. »

Une source du commandement de l’armée a expliqué à L’Orient-Le Jour que des mesures de sécurité sont prises pour assurer la sécurité, comme c’est le cas avec les autres festivals qui se tiennent dans les différentes régions du pays. « L’armée et les forces de sécurité sont responsables de la sécurité, affirme la source. L’armée fait son devoir. »
« Sur le plan sécuritaire, la ville est stable, insiste encore Saïd Lakkis. La situation à la frontière l’est aussi. Cela se répercute positivement sur l’activité de la ville, d’autant que Baalbeck est la ville touristique par excellence. Nous l’avons d’ailleurs ressenti durant la fête du Fitr. Les restaurants étaient pratiquement complets. Il est évident que, cette année, la situation est nettement mieux que les années précédentes, bien que le tourisme soit en sa majorité intérieur, les touristes étrangers se faisant rares. »

La grogne des commerçants
Tel n’est pas l’avis des commerçants, alors que le souk de Baalbeck est pratiquement vide. « La situation économique n’est pas en notre faveur, confie Ahmad Asfahani, copropriétaire d’un restaurant de la ville. Les visiteurs apportent leur nourriture avec eux. Ce n’est plus comme au bon vieux temps, lorsque nous faisions trois shifts pour servir tous nos clients. Ce temps est révolu. Aujourd’hui, comme vous le constatez, la ville est presque vide. Pourtant, Baalbeck est une ville touristique. Et la cité est calme, contrairement à ce qu’on laisse entendre dans les médias. Les incidents qui y sont rapportés sont individuels et isolés. Il y a un mois, nous avons pensé fermer boutique, parce que les touristes se font rares. Il est vrai que le festival attire de nombreuses personnes, mais, malheureusement, celles-ci ne viennent pas chez nous. À la fin du festival, elles sont directement canalisées vers le parking. Le souk est pratiquement mis à l’écart durant toute cette période. »

« Les affaires vont mal, affirme de son côté une propriétaire d’un magasin d’accessoires pour femmes. Les gens ont peur de venir à Baalbeck. Et la situation économique n’aide pas. Les gens font plutôt du lèche-vitrines. »
« Les médias ne nous aident pas non plus, commente un autre commerçant. Au moindre incident, ils désignent la ville. Or rares sont les incidents qui se déroulent vraiment à Baalbeck. Les gens pensent, à titre d’exemple, que Ras Baalbeck c’est ici. Or il n’y a pas moins que 50 km entre les deux villes ! Idem pour Ersal. La ville est à une heure en voiture. »

Dans le souk de Baalbeck, les commerçants peinent à cacher leur mécontentement. Ils en veulent aux responsables de la ville, « qui ne savent pas la valoriser ». « Pourquoi n’annoncent-ils pas en grande pompe le festival, comme c’est le cas avec les festivals dans les autres régions du pays ? se demande Hamza, propriétaire d’un négoce de vêtements. Pourquoi ne coordonnent-ils pas avec le comité des commerçants de Baalbeck pour faire en sorte que les magasins restent ouverts toute la nuit durant la période du festival ? »
Les commerçants en veulent surtout au Hezbollah, qui « entretient la pauvreté ». « Les Syriens nous font de la concurrence, et personne ne pense à régler la situation, reprend Hamza. Je soutiens à fond le Hezbollah dans sa résistance contre l’ennemi israélien et la guerre qu’il mène contre l’État islamique, mais je m’oppose farouchement à sa politique économique et de développement. Le Hezb n’aide que les personnes qui ont la carte du parti. Les autres ne bénéficient d’aucune aide de sa part. » Une opinion partagée par de nombreux autres commerçants.

Dans les hôtels, les réservations ne sont pas à la hauteur des attentes. Pourtant, les propriétaires de ces établissements assurent être prêts à accueillir les touristes. Comme l’affirme Hani Awada, propriétaire d’un des hôtels de la ville : « Nous sommes prêts à leur ouvrir non seulement les hôtels, mais nos maisons aussi. Qu’ils nous essayent ! Baalbeck est une ville magnifique. C’est un modèle de coexistence ! »

Source: L’orient le Jour

 

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